Qu’est-ce qu’un Nerfitheha ?

Qu’est-ce qu’un Nerfitheha ?

Nerfitheha est une anagramme de fahrenheit. Fahrenheit 451, c’est le titre d’un film de François Truffaut, c’est aussi et surtout « la température à laquelle un livre s’enflamme et se consume ». Dans le film en effet —qui d’après Truffaut se passe « quand vous voulez » et « où vous voulez »— est décrite une société où il est « strictement interdit de lire et de posséder des livres », et où « la fonction des pompiers n’est pas d’éteindre les incendies » mais de brûler les livres.
Ici et maintenant, bien sûr, nous ne brûlons pas les livres…

Le Parking

Le Parking

Le couple est bizarre. Ils se sont arrêtés sur ce parking mais manifestement ils n’ont pas l’intention d’entrer dans le supermarché. La femme est sortie comme une folle en claquant la portière et puis en courant elle a fait quelques pas et s’est arrêtée brusquement, presque sur la pointe des pieds, un peu telle une danseuse manifestant par cette course suspendue une quelconque émotion que le spectateur s’efforce de décrypter. C’est peut-être une femme qui fuit. C’est peut-être une femme qui ne sait pas où aller…

La Révolution en rêve

La Révolution en rêve

La place d’armes est vide et Instin tourne en rond. L’ourlet est défait à la jambe droite de son pantalon. Il balaie la poussière et peu à peu, à force de tourner en rond, forme un cercle dans lequel le vide est enfermé, un cercle de poussière où nul ne pourra entrer, ni lui ni personne. De toute façon personne n’est venu, personne ici-bas ne songe à faire la révolution.
C’est un matin blanc et triste. C’est un réveil de plus dans un univers morose où il ne se passe jamais rien qui mériterait d’être rêvé…

Clonerie Instin

Clonerie Instin

Ce matin je me suis réveillé(e) non dans mon assiette mais à côté de la plaque, un peu dégoûté(e), légèrement écœuré(e). Il me semblait que dans le sommeil ma conscience avait été empoisonnée et que ça venait même d’arriver, dans le sommeil paradoxal, le paradoxe étant que le poison consistait en mots doux—si je n’étais pas si farouche je vous dirais franchement que c’étaient des mots d’amour qu’on avait versé dans mes oreilles — et maintenant un sang nouveau coulait dans mes veines. En fait je n’étais plus moi-même, à vrai dire je m’avais oublié…

La Chair humaine

La Chair humaine

Sous le coup de l’émotion —tremblant de désir, les sens éparpillés et la tête ailleurs— je ne l’entendis pas m’avouer qu’il aimait la chair humaine.
C’est pourquoi, un peu plus tard, refusant de me laisser découper, je fus fort étonné par la violence de sa réaction : il n’aimait pas, hurlait-il, qu’on le laissât sur sa faim…

La Hêtraie

La Hêtraie

Sa première réaction: s’éloigner des parents. Couper le cordon. Le plus vite possible.
La forêt n’était qu’une masse confuse. Ce fut à peine s’il regarda devant lui lorsque d’instinct il s’enfonça sous les plus grands arbres, là où les troncs montaient si droits et si hauts qu’il eut fallu qu’il se dévissât le cou et qu’il se tordît la tête pour espérer en voir le sommet, les faîtes inaccessibles. Il pouvait avoir six ou sept ans…

La Promesse

La Promesse

On me disait têtu et obstiné. Ils pouvaient être mille contre moi, je gardais ma pensée. Bien sûr je m’examinais, je tâchais de comprendre pourquoi les mille avaient de toutes autres pensées. Mais si toujours je croyais être dans le vrai, alors il n’y avait plus rien à faire, personne ne pouvait me faire entendre raison. Têtu, peut-être, mais pour moi c’était une forme de résistance. J’agissais en mon âme et conscience. Ma pensée m’appartenait, j’en étais le seul responsable.
Quelque chose en elle me poussa un jour dans les bras de l’armée…

La Météorite d’Orgueil

La Météorite d’Orgueil

Le jour où tomba la météorite d’Orgueil, j’entrais timidement dans la garçonnière de Gaspard Beauvoisin.
« Avance » me disait-il, « n’aie pas peur, ne prête pas attention au désordre. »
Je savais pourquoi je me tenais debout au milieu de la chambre et j’avais décidé d’obéir quoi qu’il puisse me demander.
J’étais pourtant loin d’être dévergondée : treize mois durant, je l’avais prié de renoncer à son désir. Mais, amoureuse à en mourir du jeune homme qui en désespoir de cause venait de me révéler son secret, la vie qui s’ouvrait alors devant moi ne valait pas la peine de ne pas succomber…

L’Ecrivain

L’Ecrivain

Enfant, j’écrivais déjà. En secret, cela va sans dire. Et surtout, en ne gardant rien, en livrant tous les secrets à la poubelle.
Il y eut ensuite un temps assez long où les mots furent absents. L’adolescence ne communique pas. On est perdu, désemparé devant ce qu’obstinément les adultes appellent la réalité et qui n’est en fait —nous aurions besoin de le proclamer haut et fort mais la peur du ridicule nous rend muets et hébétés : lymphatiques, disent ces mêmes adultes— que l’envers de la vérité.
L’endroit —la vérité toute face— m’occupait tout entier…

L’Ile de la croix

L’Ile de la croix

A cette époque, Laure Fortenon était encore étudiante, elle était encore la jeune fille fraîche et jolie attendant tout de la vie. Elle avait bien eu quelques aventures mais rien de très sérieux, rien de décisif. Aucune révélation ne lui avait été faite, ce qu’elle avait découvert ne l’avait pas profondément modifiée. Ce n’est pas qu’elle attendait quelque chose en particulier mais elle se sentait disponible et se tenait ouverte à ce qui pourrait arriver. Elle était l’attention même, elle était la patience incarnée…